Edito 

« Nous sommes tous de ‘Jérusalem’ »

Cette nouvelle lettre ouvre une nouvelle année et c’est l’occasion de vous présenter nos meilleurs vœux pour 2024.
A n’en pas douter, pour la famille de ‘Jérusalem’, 2024 prolongera l’élan de 2023 : une année de débats, de travaux et d’échanges, de paroles libres et libérées pour avancer sur nos chemins de discernement et de réforme. Puissions-nous en 2024 rester fidèles à l’esprit de « Magdala 2023 » : confronter et rassembler nos visions, nos perceptions, nos ambitions pour notre famille, dans le respect de chacune et de chacun. 
Car ce que nous a appris le processus de discernement et réforme, c’est que nous cheminons tous à des rythmes différents.

Nous avons choisi ensemble de courir ce grand marathon de la réforme, mais nos foulées sont, nécessairement, différentes.

C’est toute la force de ‘Jérusalem’ : rassembler au sein d’une même famille des réalités, des « énergies » et des structures canoniques différentes, selon que nous appartenons aux fraternités monastiques, apostoliques, évangéliques ou laïques. Chacun s’est donc mis en chemin « de son côté » tout en souhaitant garder et chérir ce lien spirituel et les relations fraternelles qui fondent notre espérance commune. Avancer dans ce processus de discernement et réforme nous engage à continuer de cultiver et de soigner cette communion.

C’est en cela que nous sommes « tous de ‘Jérusalem’ ».

L’équipe « Information » des Fraternités de Jérusalem.
Sœur Marlene, sœur Marie-Laure, frère Grégoire, frère Marc-Abraham
et Paul-Hervé Vintrou (membre des fraternités laïques de Jérusalem)

FRATERNITÉS ÉVANGÉLIQUES DE JÉRUSALEM À PARIS 

Discernement des laïcs
au sein de la Famille de Jérusalem

Que sont les Fraternités Évangéliques de Jérusalem ?

Les Fraternités Évangéliques de Jérusalem (FEJ) sont nées en 1979 d’un désir de communion des laïcs proches des Fraternités Monastiques de Jérusalem, « désireux de vivre la même spiritualité selon les exigences de leur état de vie ». Des statuts d’une Association privée de fidèles ont été élaborés dans l’esprit du nouveau Code de Droit canonique traitant du Peuple de Dieu et des Associations de fidèles et signés en 2012 ; le Code prévoyant que des Associations puissent être « unies à un Institut pour vivre de l’esprit authentique de leur famille » (C 303, C 677&2).

Chaque fraternité se compose d’une dizaine de membres d’âges et d’horizons divers, se réunissant plusieurs fois par mois. « Nous sommes des chrétiens laïcs, célibataires et couples. Nous cherchons à vivre pleinement notre vocation baptismale de vivre l’Évangile au cœur du monde, en assumant, parmi nos frères et sœurs croyants et incroyants, les exigences de notre vie familiale, sociale et professionnelle. Nous répondons à l’appel que nous avons reçu notamment pour une vie de prière au cœur de la ville, au cœur du monde, en communion avec la prière des moines et moniales de Jérusalem. Nous prenons un engagement annuel ».

Deux grandes étapes marquent le mouvement de discernement :

La récollection des Fraternités Evangéliques de Jérusalem (FEJ) de Paris à Magdala les 21-22 octobre 2023

A l’occasion de l’annuelle récollection de rentrée des FEJ de Paris, ouverte aussi aux fidèles de Saint-Gervais, nous étions une quarantaine (membres de chacune des fraternités, plus quelques membres d’autres groupes de Saint-Gervais) pour se rencontrer et se mettre à l’écoute de l’Esprit saint afin de 
« Discerner et approfondir sa vocation de laïc au sein de la Famille de Jérusalem ».

Nous nous sommes mis en route pour visiter notre engagement, dans les FEJ et dans la famille de Jérusalem, avec l’aide d’accompagnatrices de l’Esdac (Exercices spirituels pour un discernement apostolique en commun), pour discerner, au milieu de nos émotions, de nos affects, ce qui est juste, ce qui est vrai, ce qui est beau.

Nous avons confirmé le désir de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu , la volonté de renforcer la fraternité et la recherche d’un engagement dans le monde, en résonance forte avec les termes de la prière d’engagement des FEJ : « Je me mettrai à l’écoute de la Parole de Dieu en lien avec la liturgie de la communion de Jérusalem » ; « Dans la famille de Jérusalem, aide-moi Seigneur Jésus, à être un ferment de paix et d’unité »; « Je me mettrai au service de mes frères et de mes sœurs dans l’Eglise et dans le monde ».

Nous nous sommes sentis confortés par les propos du pape François, le 8 décembre dernier : « la fraternité a besoin d’être découverte, aimée, expérimentée, annoncée, et témoignée. Mais c’est seulement l’amour donné par Dieu qui nous permet d’accueillir et de vivre pleinement la fraternité ».

La récollection des FEJ avec les laïcs de Saint-Gervais à Paris, le dimanche 28 janvier 2024

Notre vocation de laïcs dans la famille de Jérusalem « vivre l’évangile au cœur du monde , en assumant , parmi mes frères et sœurs croyants et incroyants les exigences de ma vie familiale, sociale et professionnelle » (prière d’engagement des FEJ) conduit à imaginer des activités adaptées aux univers de la ville, de la prière et du travail. Ainsi avons-nous pris un chemin de synodalité qui nous invite ensemble à percevoir l’action de l’Esprit et à nous laisser façonner par lui.

Forts des premiers fruits, les FEJ ont proposé à tous les groupes de laïcs de Saint-Gervais de se rassembler pour cheminer ensemble : fraternité des familles, fraternité Vie professionnelle, groupe des bénévoles, groupe Marche et prière, groupe Raphaël des accompagnateurs spirituels, groupes de prière, Cénacle, Amis de la Communion de Jérusalem, fidèles de Saint-Gervais.

Le 28 janvier 2024, à l’occasion de la récollection des engagements des Fraternités Évangéliques de Jérusalem, quatre groupes seront constitués pour élaborer des propositions concrètes autour de quatre thématiques : la fraternité, la prière, l’écoute, l’innovation, autour de questions telles que :
    – Comment prier, en groupe, de manière fraternelle, avec la lectio divina
    – Comment vivre la fraternité avec ceux qui nous entourent à Saint-Gervais ?
    – Quels types d’« écoute » développer à Saint-Gervais ?
    – Quelles activités innovantes autour du monastère dans la ville ?

Les propositions, inspirées de l’Esprit sont à venir. Nous avons besoin de temps pour que le bruit de nos préoccupations laisse place au silence du cœur qui peut alors entendre le délicat souffle de la brise légère (cf. 1 R 19).

En écho au pape François, nous pouvons dire « Dieu vient sur le seuil d’une maison de famille ».

Harriett Bougon et Françoise Vintrou, membres du Quintette* des FEJ 
(* Le Quintette des FEJ se compose de 3 laïcs, une moniale et un moine)

FRATERNITÉS APOSTOLIQUES DE JÉRUSALEM 

Évolution des statuts des Fraternités apostoliques

Les frères et sœurs des Fraternités apostoliques sont actuellement au service de deux diocèses : Tarbes (en France) et Pistoia (en Italie). Chacune de ces fraternités possède son propre gouvernement local. Jusqu’à l’année dernière, il y avait un lien canonique entre les prieurs généraux monastiques et ces dernières. A l’issue de la visite apostolique, le Dicastère les a confiées à la vigilance particulière des évêques de leurs diocèses respectifs.

Du côté de Pistoia, le Dicastère romain a donné son accord pour ériger la Fraternité Apostolique des frères comme « Association publique de fidèles » sous la responsabilité de l’évêque diocésain. Frère Pier Luigi a été élu prieur de la fraternité il y a quelques mois. A la demande de l’évêque et des frères de Pistoia, une mission d’accompagnement fraternel est confiée à un frère des Fraternités monastiques.

Sous la vigilance de leur évêque, Mgr Micas, et en lien avec le Dicastère, les Fraternités apostoliques de Jérusalem à Tarbes travaillent actuellement à l’écriture de leurs statuts. Ils se dirigent vers le statut canonique de « Famille Ecclésiale de Vie consacrée » qui permet de réunir au sein d’une même communauté, présidée par un modérateur ou une modératrice, deux branches distinctes de consacrés : l’une de frères et l’autre de sœurs (chaque branche gardant son prieur, sa prieure). Les frères et sœurs ont élu sœur Monica comme modératrice, assistée par frère Jean-Gabriel. Ils sont accompagnés par une canoniste spécialiste de la famille ecclésiale.

Chacune des Fraternités apostoliques de Jérusalem se rapporte à la grande famille de Jérusalem par des relations fraternelles et spirituelles. 

ZOOM SUR LES CHANTIERS 

Chantier ‘Compréhension de la communion frères et sœurs en Jérusalem’

Côté Sœurs

Lors de la rencontre du mois d’août dernier à Magdala, l’intervention du chantier Compréhension de la communion frères et sœurs de Jérusalem, s’est faite à deux voix, celle de l’équipe des frères et celle de l’équipe des sœurs.

Parce qu’avant de livrer les résultats d’un travail, c’était d’abord une histoire que nous avions à raconter : l’expérience vécue par nos deux équipes tout au long de l’année, en elle-même, nous paraissait significative. La feuille de route était commune, mais le travail a été mené d’abord de manière distincte, non sans inquiétude parfois : allions-nous pouvoir nous retrouver sur des conclusions communes ? Et puis il y a eu dans le cours de l’année un émerveillement réciproque, quand, partageant nos résultats respectifs, nous avons découvert combien ils convergeaient… et combien ils étaient différents pourtant !

– Eh oui : des frères, ça ne réfléchit pas comme des sœurs (et vice-versa).

Ne pas craindre la différence, qui est une source profonde d’enrichissement quand elle est vécue dans la réciprocité, c’est l’expérience fondamentale que nous avons faite ; et nous avons voulu non seulement la partager mais surtout la faire vivre à tous les frères et sœurs, en les faisant travailler par petits groupes, d’abord de frères et sœurs séparés puis « mixtes ». Les remontées nous ont confirmés dans cette intuition : frères et sœurs se sont dits heureux de goûter combien nous pouvons être les un(e)s pour les autres un don, selon l’heureuse expression proposée par les frères.

Forts de cette expérience, c’est à un travail de formalisation que nous sommes désormais conviés. Il s’agit de relire nos Constitutions respectives, en les questionnant sous l’angle de la relation frères-sœurs à la lumière du travail déjà réalisé. Dans leur version actuelle, elles ne font pas mention explicite de l’existence d’une fraternité de frères, à côté de celle des sœurs ; les modifier dans ce sens, ce sera prendre acte du fait que « la communion entre l’institut des sœurs de Jérusalem et l’institut des frères de Jérusalem fait partie du charisme », ainsi que l’a affirmé la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacré dans sa lettre du 30 mars 2022.

Sœurs Émilie, Maylis et Violaine

Côté Frères

Pour le chantier de la Compréhension de la communion entre frères et sœurs de Jérusalem, les rencontres de Magdala ont été une opportunité pour partager un témoignage de ce qui a été vécu dans les deux comités, de manière à la fois différenciée et convergente. Nous sommes partis, côté frères et côté soeurs, d’un énoncé commun de travail. La mise en œuvre était ensuite propre aux deux groupes : « nous sommes distincts, mais pas séparés » témoignaient ainsi avec joie un frère et une sœur à Magdala. Cet été, les assistants nous ont donné de travailler selon ce chemin également, associant distinction et collaboration.

Considérant à la fois les richesses et défis de cet appel particulier à « vivre ensemble la sequela Christi », nous avons pu nommer des risques et des opportunités qui y sont attachés. Existe le risque d’être en fusion ou en compétition. Se présente aussi l’opportunité de nous enrichir réciproquement de nos spécificités, générant ainsi un accroissement d’être et un témoignage fraternel opportun.

Le chantier continue ! Il s’agit notamment de mettre en évidence les modalités concrètes de notre communion avec les sœurs : préciser les instances de communion, définir les domaines communs, nommer les lieux d’information, de discernement et de décision. Un document commun avec les sœurs est en cours de rédaction à ce sujet. Avec des mots ajustés, nous cherchons également à préciser le contenu et les contours de cette « communion différenciée » entre nos deux instituts de Jérusalem. Nous nous orientons enfin vers la rédaction de textes à intégrer dans nos Constitutions révisées, pour rendre compte de cette couleur propre du charisme de Jérusalem qu’est la communion frères et sœurs. Pour appuyer nos réflexions sur des bases fondamentales, côté frères, nous creusons actuellement le sens théologique de la « fraternité ». C’est motivant !

Frères Charles, François-Marie, Pierre-Benoit et Pierre-Emmanuel

Chantier ‘Compréhension du rapport au travail’

Côté Sœurs

A Magdala, la rencontre sur le thème de la Compréhension du rapport au travail a été marquée par une prise de conscience et un investissement chez toutes les sœurs. Ce thème ne laisse personne indifférent. De nombreux éléments ont pu surgir pour mieux vivre l’unification dans le travail, la vie fraternelle et la vie de prière. Nous n’avons pas un modèle unique à suivre mais une invitation à adapter nos réalités communautaires au monde du travail localement.

A nous donc de veiller et de soigner le lien à la ville et aux hauts-lieux qui nous sont confiés et notre rapport au monde sans faire l’impasse sur les risques et les défis pour chaque sœur et pour sa communauté, d’un point de vue humain, économique, alliant la responsabilité personnelle avec un discernement communautaire.

Il nous reste à présent, à apporter des points déjà identifiés, qui interrogent nos Constitutions, en vue du travail de révision en cours.

Sœurs Anne-Silouane, Bethany et Maria Paola

Côté Frères

Cet été, à Magdala, nous avons présenté les résultats de nos recherches effectuées courant 2022/2023. En bref, voici comment nous avons procédé :

Après avoir élaboré et distribué un questionnaire à chaque frère, nous avons analysé ces données. De nombreuses questions ont été soulevées concernant l’état actuel du travail des frères, les critères de discernement du travail, l’équilibre du modèle économique, le poids du travail dans le rythme de vie de chaque fraternité, etc. Nous avons alors poursuivi notre recherche afin de mieux saisir notre spécificité et nous sommes parvenus à dégager 6 modèles différents de rapport au travail présents dans la vie consacrée. Celui qui décrit le mieux notre rapport actuel au travail, nous l’avons appelé : modèle d’insertion. Vivre l’insertion veut dire pour nous, tâcher de comprendre, de rechercher, d’adapter notre travail en fonction du lieu où nous sommes implantés. Les résultats de cette recherche ont été présentés à l’assemblée de Magdala. Comme l’ont fait les sœurs.

Aujourd’hui, nous avons remis une formulation du sens que prend le travail dans notre vocation spécifique à Jérusalem. Nous comparerons ensuite nos résultats avec l’équipe des sœurs pour découvrir les points de contact et les spécificités liées à une histoire commune, mais distincte et aussi à la configuration spécifique de chaque Fraternité. Ces résultats alimenteront le travail d’intégration ultérieur.

Frères Carlo, Joseph et Matteo

Chantier ‘Rythmes de vie et identité’

Côté Sœurs

Le travail du Chantier rythmes de vie/identité, dans une première étape présentée en août à Magdala était de dégager les éléments fondamentaux exprimant la spécificité du charisme de Jérusalem et comment les vivre de manière unifiée et unifiante dans les 3 axes de notre vie en Jérusalem : vie contemplative, vie fraternelle, ouverture/relation au monde. Pour mener à bien cette première étape, les sœurs ont répondu à deux questionnaires et leurs réponses ont donné corps et vie à cette réflexion communautaire.

Fin octobre, l’équipe du chantier s’est remise au travail pour mettre en rapport les très riches réponses des sœurs avec le texte des Constitutions. Ce nouveau travail de réflexion est en cours.

Sœurs Edyta, Pascale et Sarah-Marie

Côté Frères

Le chantier a proposé à tous les frères un questionnaire en se basant sur douze mots clefs et des « nuages de mots » leur correspondant, afin de mieux cibler ce qu’est et ce que n’est pas l’identité des frères de Jérusalem. Les résultats de ce questionnaire, présentés à l’assemblée de Magdala au mois d’août, ont fait l’objet d’une première analyse. Il en ressort en particulier que la manière d’être en relation au monde fait débat, par exemple avec le terme « contemplatif ». C’est une thématique à approfondir. Le travail du chantier depuis cet automne est donc de faire une relecture thématique du Livre de Vie et des Constitutions sous l’angle de la relation au monde.

Frères Jean-Gabriel et Philippe

© 2024 Fraternités Monastiques de Jérusalem  
Lettre d’information « Discernement & réforme » – communication@fraternites-jerusalem.org

 Edito 

« Nous sommes tous de ‘Jérusalem’ »

Cette nouvelle lettre ouvre une nouvelle année et c’est l’occasion de vous présenter nos meilleurs vœux pour 2024.
A n’en pas douter, pour la famille de ‘Jérusalem’, 2024 prolongera l’élan de 2023 : une année de débats, de travaux et d’échanges, de paroles libres et libérées pour avancer sur nos chemins de discernement et de réforme. Puissions-nous en 2024 rester fidèles à l’esprit de « Magdala 2023 » : confronter et rassembler nos visions, nos perceptions, nos ambitions pour notre famille, dans le respect de chacune et de chacun. 
Car ce que nous a appris le processus de discernement et réforme, c’est que nous cheminons tous à des rythmes différents.

Nous avons choisi ensemble de courir ce grand marathon de la réforme, mais nos foulées sont, nécessairement, différentes.

C’est toute la force de ‘Jérusalem’ : rassembler au sein d’une même famille des réalités, des « énergies » et des structures canoniques différentes, selon que nous appartenons aux fraternités monastiques, apostoliques, évangéliques ou laïques. Chacun s’est donc mis en chemin « de son côté » tout en souhaitant garder et chérir ce lien spirituel et les relations fraternelles qui fondent notre espérance commune. Avancer dans ce processus de discernement et réforme nous engage à continuer de cultiver et de soigner cette communion.

C’est en cela que nous sommes « tous de ‘Jérusalem’ ».

L’équipe « Information » des Fraternités de Jérusalem.
Sœur Marlene, sœur Marie-Laure, frère Grégoire, frère Marc-Abraham
et Paul-Hervé Vintrou (membre des fraternités laïques de Jérusalem)

FRATERNITÉS ÉVANGÉLIQUES DE JÉRUSALEM À PARIS 

Discernement des laïcs
au sein de la Famille de Jérusalem

Que sont les Fraternités Évangéliques de Jérusalem ?

Les Fraternités Évangéliques de Jérusalem (FEJ) sont nées en 1979 d’un désir de communion des laïcs proches des Fraternités Monastiques de Jérusalem, « désireux de vivre la même spiritualité selon les exigences de leur état de vie ». Des statuts d’une Association privée de fidèles ont été élaborés dans l’esprit du nouveau Code de Droit canonique traitant du Peuple de Dieu et des Associations de fidèles et signés en 2012 ; le Code prévoyant que des Associations puissent être « unies à un Institut pour vivre de l’esprit authentique de leur famille » (C 303, C 677&2).

Chaque fraternité se compose d’une dizaine de membres d’âges et d’horizons divers, se réunissant plusieurs fois par mois. « Nous sommes des chrétiens laïcs, célibataires et couples. Nous cherchons à vivre pleinement notre vocation baptismale de vivre l’Évangile au cœur du monde, en assumant, parmi nos frères et sœurs croyants et incroyants, les exigences de notre vie familiale, sociale et professionnelle. Nous répondons à l’appel que nous avons reçu notamment pour une vie de prière au cœur de la ville, au cœur du monde, en communion avec la prière des moines et moniales de Jérusalem. Nous prenons un engagement annuel ».

Deux grandes étapes marquent le mouvement de discernement :

La récollection des Fraternités Evangéliques de Jérusalem (FEJ) de Paris à Magdala les 21-22 octobre 2023

A l’occasion de l’annuelle récollection de rentrée des FEJ de Paris, ouverte aussi aux fidèles de Saint-Gervais, nous étions une quarantaine (membres de chacune des fraternités, plus quelques membres d’autres groupes de Saint-Gervais) pour se rencontrer et se mettre à l’écoute de l’Esprit saint afin de 
« Discerner et approfondir sa vocation de laïc au sein de la Famille de Jérusalem ».

Nous nous sommes mis en route pour visiter notre engagement, dans les FEJ et dans la famille de Jérusalem, avec l’aide d’accompagnatrices de l’Esdac (Exercices spirituels pour un discernement apostolique en commun), pour discerner, au milieu de nos émotions, de nos affects, ce qui est juste, ce qui est vrai, ce qui est beau.

Nous avons confirmé le désir de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu , la volonté de renforcer la fraternité et la recherche d’un engagement dans le monde, en résonance forte avec les termes de la prière d’engagement des FEJ : « Je me mettrai à l’écoute de la Parole de Dieu en lien avec la liturgie de la communion de Jérusalem » ; « Dans la famille de Jérusalem, aide-moi Seigneur Jésus, à être un ferment de paix et d’unité »; « Je me mettrai au service de mes frères et de mes sœurs dans l’Eglise et dans le monde ».

Nous nous sommes sentis confortés par les propos du pape François, le 8 décembre dernier : « la fraternité a besoin d’être découverte, aimée, expérimentée, annoncée, et témoignée. Mais c’est seulement l’amour donné par Dieu qui nous permet d’accueillir et de vivre pleinement la fraternité ».

La récollection des FEJ avec les laïcs de Saint-Gervais à Paris, le dimanche 28 janvier 2024

Notre vocation de laïcs dans la famille de Jérusalem « vivre l’évangile au cœur du monde , en assumant , parmi mes frères et sœurs croyants et incroyants les exigences de ma vie familiale, sociale et professionnelle » (prière d’engagement des FEJ) conduit à imaginer des activités adaptées aux univers de la ville, de la prière et du travail. Ainsi avons-nous pris un chemin de synodalité qui nous invite ensemble à percevoir l’action de l’Esprit et à nous laisser façonner par lui.

Forts des premiers fruits, les FEJ ont proposé à tous les groupes de laïcs de Saint-Gervais de se rassembler pour cheminer ensemble : fraternité des familles, fraternité Vie professionnelle, groupe des bénévoles, groupe Marche et prière, groupe Raphaël des accompagnateurs spirituels, groupes de prière, Cénacle, Amis de la Communion de Jérusalem, fidèles de Saint-Gervais.

Le 28 janvier 2024, à l’occasion de la récollection des engagements des Fraternités Évangéliques de Jérusalem, quatre groupes seront constitués pour élaborer des propositions concrètes autour de quatre thématiques : la fraternité, la prière, l’écoute, l’innovation, autour de questions telles que :
    – Comment prier, en groupe, de manière fraternelle, avec la lectio divina
    – Comment vivre la fraternité avec ceux qui nous entourent à Saint-Gervais ?
    – Quels types d’« écoute » développer à Saint-Gervais ?
    – Quelles activités innovantes autour du monastère dans la ville ?

Les propositions, inspirées de l’Esprit sont à venir. Nous avons besoin de temps pour que le bruit de nos préoccupations laisse place au silence du cœur qui peut alors entendre le délicat souffle de la brise légère (cf. 1 R 19).

En écho au pape François, nous pouvons dire « Dieu vient sur le seuil d’une maison de famille ».

Harriett Bougon et Françoise Vintrou, membres du Quintette* des FEJ 
(* Le Quintette des FEJ se compose de 3 laïcs, une moniale et un moine)

FRATERNITÉS APOSTOLIQUES DE JÉRUSALEM 

Évolution des statuts des Fraternités apostoliques

Les frères et sœurs des Fraternités apostoliques sont actuellement au service de deux diocèses : Tarbes (en France) et Pistoia (en Italie). Chacune de ces fraternités possède son propre gouvernement local. Jusqu’à l’année dernière, il y avait un lien canonique entre les prieurs généraux monastiques et ces dernières. A l’issue de la visite apostolique, le Dicastère les a confiées à la vigilance particulière des évêques de leurs diocèses respectifs.

Du côté de Pistoia, le Dicastère romain a donné son accord pour ériger la Fraternité Apostolique des frères comme « Association publique de fidèles » sous la responsabilité de l’évêque diocésain. Frère Pier Luigi a été élu prieur de la fraternité il y a quelques mois. A la demande de l’évêque et des frères de Pistoia, une mission d’accompagnement fraternel est confiée à un frère des Fraternités monastiques.

Sous la vigilance de leur évêque, Mgr Micas, et en lien avec le Dicastère, les Fraternités apostoliques de Jérusalem à Tarbes travaillent actuellement à l’écriture de leurs statuts. Ils se dirigent vers le statut canonique de « Famille Ecclésiale de Vie consacrée » qui permet de réunir au sein d’une même communauté, présidée par un modérateur ou une modératrice, deux branches distinctes de consacrés : l’une de frères et l’autre de sœurs (chaque branche gardant son prieur, sa prieure). Les frères et sœurs ont élu sœur Monica comme modératrice, assistée par frère Jean-Gabriel. Ils sont accompagnés par une canoniste spécialiste de la famille ecclésiale.

Chacune des Fraternités apostoliques de Jérusalem se rapporte à la grande famille de Jérusalem par des relations fraternelles et spirituelles. 

ZOOM SUR LES CHANTIERS 

Chantier ‘Compréhension de la communion frères et sœurs en Jérusalem’

Côté Sœurs

Lors de la rencontre du mois d’août dernier à Magdala, l’intervention du chantier Compréhension de la communion frères et sœurs de Jérusalem, s’est faite à deux voix, celle de l’équipe des frères et celle de l’équipe des sœurs.

Parce qu’avant de livrer les résultats d’un travail, c’était d’abord une histoire que nous avions à raconter : l’expérience vécue par nos deux équipes tout au long de l’année, en elle-même, nous paraissait significative. La feuille de route était commune, mais le travail a été mené d’abord de manière distincte, non sans inquiétude parfois : allions-nous pouvoir nous retrouver sur des conclusions communes ? Et puis il y a eu dans le cours de l’année un émerveillement réciproque, quand, partageant nos résultats respectifs, nous avons découvert combien ils convergeaient… et combien ils étaient différents pourtant !

– Eh oui : des frères, ça ne réfléchit pas comme des sœurs (et vice-versa).

Ne pas craindre la différence, qui est une source profonde d’enrichissement quand elle est vécue dans la réciprocité, c’est l’expérience fondamentale que nous avons faite ; et nous avons voulu non seulement la partager mais surtout la faire vivre à tous les frères et sœurs, en les faisant travailler par petits groupes, d’abord de frères et sœurs séparés puis « mixtes ». Les remontées nous ont confirmés dans cette intuition : frères et sœurs se sont dits heureux de goûter combien nous pouvons être les un(e)s pour les autres un don, selon l’heureuse expression proposée par les frères.

Forts de cette expérience, c’est à un travail de formalisation que nous sommes désormais conviés. Il s’agit de relire nos Constitutions respectives, en les questionnant sous l’angle de la relation frères-sœurs à la lumière du travail déjà réalisé. Dans leur version actuelle, elles ne font pas mention explicite de l’existence d’une fraternité de frères, à côté de celle des sœurs ; les modifier dans ce sens, ce sera prendre acte du fait que « la communion entre l’institut des sœurs de Jérusalem et l’institut des frères de Jérusalem fait partie du charisme », ainsi que l’a affirmé la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacré dans sa lettre du 30 mars 2022.

Sœurs Émilie, Maylis et Violaine

Côté Frères

Pour le chantier de la Compréhension de la communion entre frères et sœurs de Jérusalem, les rencontres de Magdala ont été une opportunité pour partager un témoignage de ce qui a été vécu dans les deux comités, de manière à la fois différenciée et convergente. Nous sommes partis, côté frères et côté soeurs, d’un énoncé commun de travail. La mise en œuvre était ensuite propre aux deux groupes : « nous sommes distincts, mais pas séparés » témoignaient ainsi avec joie un frère et une sœur à Magdala. Cet été, les assistants nous ont donné de travailler selon ce chemin également, associant distinction et collaboration.

Considérant à la fois les richesses et défis de cet appel particulier à « vivre ensemble la sequela Christi », nous avons pu nommer des risques et des opportunités qui y sont attachés. Existe le risque d’être en fusion ou en compétition. Se présente aussi l’opportunité de nous enrichir réciproquement de nos spécificités, générant ainsi un accroissement d’être et un témoignage fraternel opportun.

Le chantier continue ! Il s’agit notamment de mettre en évidence les modalités concrètes de notre communion avec les sœurs : préciser les instances de communion, définir les domaines communs, nommer les lieux d’information, de discernement et de décision. Un document commun avec les sœurs est en cours de rédaction à ce sujet. Avec des mots ajustés, nous cherchons également à préciser le contenu et les contours de cette « communion différenciée » entre nos deux instituts de Jérusalem. Nous nous orientons enfin vers la rédaction de textes à intégrer dans nos Constitutions révisées, pour rendre compte de cette couleur propre du charisme de Jérusalem qu’est la communion frères et sœurs. Pour appuyer nos réflexions sur des bases fondamentales, côté frères, nous creusons actuellement le sens théologique de la « fraternité ». C’est motivant !

Frères Charles, François-Marie, Pierre-Benoit et Pierre-Emmanuel

Chantier ‘Compréhension du rapport au travail’

Côté Sœurs

A Magdala, la rencontre sur le thème de la Compréhension du rapport au travail a été marquée par une prise de conscience et un investissement chez toutes les sœurs. Ce thème ne laisse personne indifférent. De nombreux éléments ont pu surgir pour mieux vivre l’unification dans le travail, la vie fraternelle et la vie de prière. Nous n’avons pas un modèle unique à suivre mais une invitation à adapter nos réalités communautaires au monde du travail localement.

A nous donc de veiller et de soigner le lien à la ville et aux hauts-lieux qui nous sont confiés et notre rapport au monde sans faire l’impasse sur les risques et les défis pour chaque sœur et pour sa communauté, d’un point de vue humain, économique, alliant la responsabilité personnelle avec un discernement communautaire.

Il nous reste à présent, à apporter des points déjà identifiés, qui interrogent nos Constitutions, en vue du travail de révision en cours.

Sœurs Anne-Silouane, Bethany et Maria Paola

Côté Frères

Cet été, à Magdala, nous avons présenté les résultats de nos recherches effectuées courant 2022/2023. En bref, voici comment nous avons procédé :

Après avoir élaboré et distribué un questionnaire à chaque frère, nous avons analysé ces données. De nombreuses questions ont été soulevées concernant l’état actuel du travail des frères, les critères de discernement du travail, l’équilibre du modèle économique, le poids du travail dans le rythme de vie de chaque fraternité, etc. Nous avons alors poursuivi notre recherche afin de mieux saisir notre spécificité et nous sommes parvenus à dégager 6 modèles différents de rapport au travail présents dans la vie consacrée. Celui qui décrit le mieux notre rapport actuel au travail, nous l’avons appelé : modèle d’insertion. Vivre l’insertion veut dire pour nous, tâcher de comprendre, de rechercher, d’adapter notre travail en fonction du lieu où nous sommes implantés. Les résultats de cette recherche ont été présentés à l’assemblée de Magdala. Comme l’ont fait les sœurs.

Aujourd’hui, nous avons remis une formulation du sens que prend le travail dans notre vocation spécifique à Jérusalem. Nous comparerons ensuite nos résultats avec l’équipe des sœurs pour découvrir les points de contact et les spécificités liées à une histoire commune, mais distincte et aussi à la configuration spécifique de chaque Fraternité. Ces résultats alimenteront le travail d’intégration ultérieur.

Frères Carlo, Joseph et Matteo

Chantier ‘Rythmes de vie et identité’

Côté Sœurs

Le travail du Chantier rythmes de vie/identité, dans une première étape présentée en août à Magdala était de dégager les éléments fondamentaux exprimant la spécificité du charisme de Jérusalem et comment les vivre de manière unifiée et unifiante dans les 3 axes de notre vie en Jérusalem : vie contemplative, vie fraternelle, ouverture/relation au monde. Pour mener à bien cette première étape, les sœurs ont répondu à deux questionnaires et leurs réponses ont donné corps et vie à cette réflexion communautaire.

Fin octobre, l’équipe du chantier s’est remise au travail pour mettre en rapport les très riches réponses des sœurs avec le texte des Constitutions. Ce nouveau travail de réflexion est en cours.

Sœurs Edyta, Pascale et Sarah-Marie

Côté Frères

Le chantier a proposé à tous les frères un questionnaire en se basant sur douze mots clefs et des « nuages de mots » leur correspondant, afin de mieux cibler ce qu’est et ce que n’est pas l’identité des frères de Jérusalem. Les résultats de ce questionnaire, présentés à l’assemblée de Magdala au mois d’août, ont fait l’objet d’une première analyse. Il en ressort en particulier que la manière d’être en relation au monde fait débat, par exemple avec le terme « contemplatif ». C’est une thématique à approfondir. Le travail du chantier depuis cet automne est donc de faire une relecture thématique du Livre de Vie et des Constitutions sous l’angle de la relation au monde.

Frères Jean-Gabriel et Philippe

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