Edito – Un été fructueux

La rentrée de Jérusalem est studieuse et résolue. Dans quelques mois, l’été prochain, le long travail de discernement et de réforme, initié depuis déjà deux ans, donnera lieu aux assemblées générales des frères et des sœurs. Un moment fort de décisions après de longues semaines de réflexion.

Pour s’y préparer, les sœurs comme les frères ont mis à profit l’été. Le chapitre général des sœurs de Jérusalem, réuni du 23 au 29 août 2024 à Magdala en Sologne, a élu une nouvelle prieure générale, Ida Dovy, pour succéder à sœur Rosalba Bulgaza, ainsi que quatre nouvelles conseillères.

Du côté des frères, le travail en assemblée fin août leur a permis de définir leur identité de moines comme une vocation monastique devant Dieu, dans et avec le monde.

Enfin, frères et sœurs rassemblés au sein du chantier « Compréhension de la communion frères et sœurs de Jérusalem » ont permis d’apprécier ce « commun » entre frères et sœurs, qui est aussi une communion.

Distinctement ou collectivement, les sœurs et les frères de Jérusalem sont donc « en ordre de marche » pour préparer cette dernière année de travaux et, toujours guidés par l’espérance, décider de leur avenir.

L’équipe « Information » des Fraternités de Jérusalem.
Sœur Marie-Laure, sœur Marlene, frère Grégoire, frère Marc-Abraham
et Paul-Hervé Vintrou (membre des fraternités laïques de Jérusalem)

CHAPITRE GÉNÉRAL DES SOEURS     

Entretien avec sœur Ida Dovy, prieure générale

Au terme du mandat de prieure générale de sœur Rosalba Bulgaza, le chapitre général des sœurs de Jérusalem réuni du 23 au 29 août 2024 à Magdala en Sologne, a élu sœur Ida Dovy.

Quel est votre parcours personnel et professionnel avant d’entrer à Jérusalem ?

Je suis française d’origine béninoise. Je suis issue d’une famille chrétienne. J’ai deux sœurs plus jeunes que moi dont l’une est religieuse et l’autre mariée. J’ai fait du scoutisme jusqu’au moment où je suis partie étudier à la fac de Lyon. J’ai obtenu une maitrise en sciences économiques et un Dess banque et finance. En fin de compte, je n’ai jamais travaillé dans le domaine bancaire car, à l’époque, il y a un peu plus de quarante ans, le secteur ne s’était pas encore ouvert aux femmes.

Par la suite, j’ai eu l’opportunité de rentrer au Club Med où j’ai travaillé comme gestionnaire dans différents villages à travers le monde. Après cinq ans de vie itinérante, j’ai été mutée à Paris au service financier où j’ai travaillé cinq autres années avant de rentrer à la Fraternité de Paris.

Depuis votre entrée, vous avez vécu dans les Fraternités de Paris, Rome, Gamogna et Magdala. Que pouvez-vous dire de ces fondations très diverses ?

J’ai passé 7 ans à Paris, 3 ans et demi à Gamogna, un peu plus de 9 ans à Rome et 7 ans à Magdala.
Je peux dire que chaque lieu possède sa grâce propre.
Avant d’entrer en communauté, j’ai fait l’expérience de la vie citadine parisienne et de son rythme soutenu. Les transports en commun bondés, la grande grève de métro de 1995…
Mais chaque fois que j’entrais à Saint-Gervais, en dehors des offices, je pouvais y trouver une oasis de paix, de silence et de prière où me ressourcer. Quand je suis devenue moniale parisienne, je me suis toujours souvenue de cela.

L’ermitage de Gamogna, fondé par saint Pierre Damien au XIe siècle, est situé sur l’Appenin et accessible uniquement à pied ou en 4×4. Après avoir été restauré par un prêtre assisté de nombreux bénévoles, le lieu était devenu une sorte de gîte en autogestion ouvert aux randonneurs et aux amateurs de grillades. Le diocèse de Faenza a souhaité que Gamogna retrouve sa vocation première celle de la prière et nous a confié l’ermitage.
Lorsque j’y ai vécu nous étions deux ou trois sœurs suivant les années. La vie fraternelle toute simple, menée dans un environnement érémitique, était rythmée par la prière, le travail manuel et l’accueil. De nombreux prêtres se relayaient pour venir célébrer la messe quotidienne.
Je crois que l’on peut dire qu’aujourd’hui, les incompréhensions ont été dissipées et tous ceux qui montent à Gamogna savent qu’il s’agit d’un lieu de prière où ils seront accueillis.

Rome, ce fut une grande aventure. Je suis arrivée à Rome à l’automne 2007 et j’y suis restée jusqu’en 2016. L’église de la Trinité des Monts, haut lieu touristique et spirituel avait été confiée à nos Fraternités. Nous devions également gérer un domaine comprenant, entre autres, une école : l’Institut du Sacré Coeur et  une maison d’accueil. Nous sommes y restés dix ans (de 2006 à 2016) avant de passer le flambeau à la communauté de l’Emmanuel.

Magdala se situe dans la forêt solognote. C’est un peu la « maison de famille » de nos Fraternités mais aussi un lieu d’accueil où beaucoup de personnes en groupes ou individuellement peuvent venir se ressourcer. J’ai fait partie de la petite communauté de sœurs animant le lieu de 2017 jusqu’au jour de mon élection.

Depuis quelques années, les FMJ se sont attelées à un processus de réforme. Comment en tant que sœur l’avez-vous vécu ? En quoi y avez-vous participé dans votre mission d’économe générale ?

Il a fallu se mettre au travail. C’est à dire répondre aux questionnaires des différents chantiers, participer à des webinaires et à de nombreuses réunions communautaires. Cela a demandé de déployer beaucoup d’énergie mais c’est pour une bonne cause.
En tant qu’économe générale, j’ai tout particulièrement collaboré avec la personne chargée de réaliser le diagnostic financier de nos Instituts.

Vous étiez déléguée pour votre fraternité au Chapitre général. Comment avez-vous vécu ce temps de Chapitre ?

Il s’agissait d’un Chapitre électif, notre mission était donc d’élire une prieure générale. Comme il n’y a pas de candidates officielles ni de campagne « électorale », les sœurs professes éligibles sont toutes susceptibles d’être élues.
J’ai vécu la préparation à l’élection comme un vrai travail d’enfantement collectif.

Quelle a été votre réaction à l’annonce de l’élection de la prieure générale ?

Le travail de préparation à l’élection et les différents votes indicatifs facilitent vraiment les choses.
Les sœurs dont les noms sont sortis lors des votes indicatifs peuvent se préparer à l’éventualité d’une élection. J’ai donc pu me préparer intérieurement et je dois dire que s’il n’y avait pas eu de processus en amont, avant le vote, il y aurait de quoi faire une crise cardiaque à l’annonce du résultat.

Quelle a été la procédure d’élection des conseillères qui doivent vous aider ? Pouvez-vous présenter ces quatre sœurs ?

Comme pour l’élection de la prieure générale, il y a eu plusieurs votes indicatifs et des « murmurationes » c’est-à-dire, la possibilité d’échanger en binôme de sœurs. La prieure générale a pu également exprimer des souhaits concernant les conseillères, notamment celui de l’internationalité.

Les quatre conseillères sont :
 – Sœur Arlette : Première conseillère. Prieure de la fraternité de Montréal de nationalité canadienne et guinéenne.
 – Sœur Anne-Claire  : Sous-prieure de la fraternité de Cologne, de nationalité française.
 – Sœur Maria-Paola  :  Prieure de la fraternité de Florence, de nationalité italienne.
 – Sœur Rafala  : Sous-prieure de la fraternité de Magdala, de nationalité polonaise.

Comment allez-vous travailler ensemble ? Un temps de formation commune est-il envisagé ?

Nous avons prévu de nous rencontrer régulièrement par visio-conférence et en présentiel une fois par trimestre environ.
Un temps de formation commune est prévu au mois de janvier avec une session au centre jésuite du Châtelard.

Le Chapitre général a formulé à l’intention de toutes les sœurs un texte d’encouragement. Parmi les divers points qu’il évoque, quelle priorité voyez-vous ?

A très court terme, dans le cadre du processus de discernement et de réforme, l’une des priorités sera le travail sur les Constitutions en vue de l’Assemblée générale de 2025.
Le chapitre m’ayant encouragé à prendre le repos nécessaire en début de mandat, je vivrai un temps à l’écart au mois de novembre et je prendrai officiellement ma charge en décembre.

Le Chapitre a demandé que soit désignée une secrétaire générale pour vous assister. Comment envisagez-vous son rôle ?

Je viens de nommer sœur Jeanne Seitz comme secrétaire générale. Comme il s’agit d’une création de poste, nous nous sommes données jusqu’à fin novembre pour finaliser  la feuille de mission de sœur Jeanne.

Selon quels critères allez-vous (avez-vous) choisi le lieu où vous allez habiter ? dans quelle ville ? auprès ou non d’une Fraternité ?….

Pour ma résidence, j’avais le choix entre Paris, Strasbourg et Rome, lieux choisis par les sœurs qui m’ont précédées dans la charge de prieure générale. J’ai choisi Paris pour des raisons pratiques. Je résiderai avec sœur Jeanne auprès de la Fraternité de Paris, dans un lieu autonome, à partir du mois de décembre.

ASSEMBLÉE DES FRÈRES     

Une assemblée des frères en août pour préciser notre vocation

Du 27 août au 1er septembre, les frères se sont retrouvés pour une assemblée de travail. Dans le cadre de la demande du Dicastère pour les Instituts de vie consacrée de chercher à mieux exprimer le charisme qui nous est propre, ce temps entre frères avait pour objet de donner suite au travail effectué au niveau du Conseil général, à la rencontre des prieurs de janvier dernier, et aux échanges vécus au sein de chaque fraternité au cours de l’hiver et du printemps.

Le document La vocation des frères de Jérusalem aujourd’hui, que nous avions pu nous approprier au cours des mois précédents, était donc au cœur du travail et des débats. Au cours de ces 5 jours de travail en assemblée, nous l’avons approfondi et précisé pour aboutir à un texte intitulé La vocation des frères de Jérusalem aujourd’hui – Propos fondamental. Il est le fruit de cette expérience commune de préparation durant une année, et de la contribution de tous les frères. Il a été voté par les 32 frères présents. 

Ce texte présente, avec les mots qui sont les nôtres pour aujourd’hui, notre identité de moines comme une vocation monastique devant Dieu, dans et avec le monde. Notre vocation est vécue selon un style fraternel. Notre mode de rapport au monde est celui de l’hospitalité, c’est-à-dire dans une attitude communautaire d’écoute et d’accueil de ceux que nous rencontrons. Notre vocation est inspirée par la figure biblique de Jérusalem qui nous fait voir le monde dans la lumière de l’espérance du salut. Elle informe pour nous les deux moments importants de notre vie que sont la liturgie et le travail.

A la fin de cette rédaction, notre gratitude est grande pour les contributions de tous les frères, pour l’attention mutuelle, l’écoute bienveillante et attentive de chacun, et l’animation qui nous a permis de rédiger le texte ensemble en alternant échanges en petits groupes et appropriation en grande assemblée. Plus encore, notre gratitude se tourne vers le Seigneur qui nous a conduits tout au long de ce chemin par sa Parole et son Esprit, dans une écoute spirituelle commune. 

Il s’agit là pour nous d’une étape importante pour exprimer ce que nous voulons vivre, pour nous comprendre nous-mêmes, et rendre compte de notre vocation. A court terme, elle est essentielle dans la perspective de la révision de nos constitutions.

Au-delà du texte, l’expérience vécue a été elle-même un apprentissage et une étape qui nous façonnent et font grandir la maturité du corps que nous formons pour construire ensemble nos orientations communautaires. Nous souhaitons maintenant que ce texte imprègne notre vie, qu’il s’approfondisse et se précise à travers des développements théologiques qui intègreront progressivement les conclusions des chantiers et que cette expérience se prolonge par une mise en pratique. Nous avons souligné la nécessité d’opérer des choix et de les hiérarchiser, c’est-à-dire d’apprendre à renoncer à vivre tout ce qui est possible pour mieux se recentrer sur le cœur de notre appel dans les réalités du monde d’aujourd’hui.

A partir de ce travail, des chantiers déjà aboutis et du partage avec l’institut des sœurs, nous allons maintenant engager la rédaction des modifications de nos constitutions. Nous disposons pour cela d’une base commune solide.

Frères Grégoire et Marc-Abraham

CHANTIER COMMUNION FRÈRES-SOEURS     

Nouvelles du chantier « Compréhension de la
communion frères et sœurs de Jérusalem »

Aujourd’hui, les deux instituts des frères et des sœurs de Jérusalem s’acheminent, à partir de leurs Constitutions actuelles « jumelles », vers l’élaboration de Constitutions différenciées qui traduiront de manière plus appropriée la façon spécifique dont chaque institut vit du même charisme de
« Jérusalem ». Dans ce contexte, il a été demandé à notre chantier d’élaborer la proposition d’un texte commun, appelé à figurer dans les deux futures Constitutions des deux instituts, et précisant la façon dont nous comprenons la communion entre frères et sœurs de Jérusalem, et la manière dont nous nous sentons appelés à la vivre. En voici les grandes lignes :  

C’est peut-être notre nom de « Fraternités Monastiques de Jérusalem » qui exprime au mieux cette communion à laquelle nous sommes appelés, posant la fraternité au fondement de celle-ci, et nous renvoyant au mystère de la Jérusalem céleste, « ville où tout ensemble fait corps »
(Ps 121,3).

Dans le concret de nos vies, nous avons une façon spécifique, frères et sœurs, de nous mettre à la suite du Christ en Jérusalem. C’est donc sur le mode de l’altérité que nous aurons à vivre cette communion, que l’on qualifie pour cette raison de différenciée. Jour après jour, au quotidien, elle se décline à la fois dans le fait d’être ensemble : expérience fraternelle de la juste proximité qui rend possibles le respect et l’enrichissement mutuels ; mais aussi dans le faire ensemble, qui permet la collaboration et de la complémentarité entre frères et sœurs, par exemple pour la liturgie et la formation.

Il arrive dans certains lieux d’implantation qu’une seule des deux communautés soit présente. Si l’expérience de l’être ensemble et du faire ensemble n’est alors plus directement possible, nous avons néanmoins la conviction que notre communion y reste bien réelle ; et il nous appartient dans ces cas-là d’être inventifs pour trouver comment la nourrir concrètement.

Cette expérience de communion entre frères et sœurs de Jérusalem ne doit pas nous replier sur nous-mêmes. Au contraire, elle est un don de Dieu qui nous appelle à nous engager humblement dans une dynamique de conversion et de croissance au quotidien. Richesse et témoignage pour le monde d’aujourd’hui, cette communion participe à sa manière à la recherche d’un esprit synodal en Église, et nous invite tous à cheminer vers une fraternité réconciliée, ouverte à l’universel.

Sœurs Émilie, Maylis, Violaine et 
frères Charles, François-Marie, Pierre-Benoît, Pierre-Emmanuel

© 2024 Fraternités Monastiques de Jérusalem  
Lettre d’information « Discernement & réforme » – communication@fraternites-jerusalem.org

Edito – Un été fructueux

La rentrée de Jérusalem est studieuse et résolue. Dans quelques mois, l’été prochain, le long travail de discernement et de réforme, initié depuis déjà deux ans, donnera lieu aux assemblées générales des frères et des sœurs. Un moment fort de décisions après de longues semaines de réflexion.

Pour s’y préparer, les sœurs comme les frères ont mis à profit l’été. Le chapitre général des sœurs de Jérusalem, réuni du 23 au 29 août 2024 à Magdala en Sologne, a élu une nouvelle prieure générale, Ida Dovy, pour succéder à sœur Rosalba Bulgaza, ainsi que quatre nouvelles conseillères.

Du côté des frères, le travail en assemblée fin août leur a permis de définir leur identité de moines comme une vocation monastique devant Dieu, dans et avec le monde.

Enfin, frères et sœurs rassemblés au sein du chantier « Compréhension de la communion frères et sœurs de Jérusalem » ont permis d’apprécier ce « commun » entre frères et sœurs, qui est aussi une communion.

Distinctement ou collectivement, les sœurs et les frères de Jérusalem sont donc « en ordre de marche » pour préparer cette dernière année de travaux et, toujours guidés par l’espérance, décider de leur avenir.

L’équipe « Information » des Fraternités de Jérusalem.
Sœur Marie-Laure, sœur Marlene, frère Grégoire, frère Marc-Abraham
et Paul-Hervé Vintrou (membre des fraternités laïques de Jérusalem)

CHAPITRE GÉNÉRAL DES SOEURS     

Entretien avec sœur Ida Dovy, prieure générale

Au terme du mandat de prieure générale de sœur Rosalba Bulgaza, le chapitre général des sœurs de Jérusalem réuni du 23 au 29 août 2024 à Magdala en Sologne, a élu sœur Ida Dovy.

Quel est votre parcours personnel et professionnel avant d’entrer à Jérusalem ?

Je suis française d’origine béninoise. Je suis issue d’une famille chrétienne. J’ai deux sœurs plus jeunes que moi dont l’une est religieuse et l’autre mariée. J’ai fait du scoutisme jusqu’au moment où je suis partie étudier à la fac de Lyon. J’ai obtenu une maitrise en sciences économiques et un Dess banque et finance. En fin de compte, je n’ai jamais travaillé dans le domaine bancaire car, à l’époque, il y a un peu plus de quarante ans, le secteur ne s’était pas encore ouvert aux femmes.

Par la suite, j’ai eu l’opportunité de rentrer au Club Med où j’ai travaillé comme gestionnaire dans différents villages à travers le monde. Après cinq ans de vie itinérante, j’ai été mutée à Paris au service financier où j’ai travaillé cinq autres années avant de rentrer à la Fraternité de Paris.

Depuis votre entrée, vous avez vécu dans les Fraternités de Paris, Rome, Gamogna et Magdala. Que pouvez-vous dire de ces fondations très diverses ?

J’ai passé 7 ans à Paris, 3 ans et demi à Gamogna, un peu plus de 9 ans à Rome et 7 ans à Magdala.
Je peux dire que chaque lieu possède sa grâce propre.
Avant d’entrer en communauté, j’ai fait l’expérience de la vie citadine parisienne et de son rythme soutenu. Les transports en commun bondés, la grande grève de métro de 1995…
Mais chaque fois que j’entrais à Saint-Gervais, en dehors des offices, je pouvais y trouver une oasis de paix, de silence et de prière où me ressourcer. Quand je suis devenue moniale parisienne, je me suis toujours souvenue de cela.

L’ermitage de Gamogna, fondé par saint Pierre Damien au XIe siècle, est situé sur l’Appenin et accessible uniquement à pied ou en 4×4. Après avoir été restauré par un prêtre assisté de nombreux bénévoles, le lieu était devenu une sorte de gîte en autogestion ouvert aux randonneurs et aux amateurs de grillades. Le diocèse de Faenza a souhaité que Gamogna retrouve sa vocation première celle de la prière et nous a confié l’ermitage.
Lorsque j’y ai vécu nous étions deux ou trois sœurs suivant les années. La vie fraternelle toute simple, menée dans un environnement érémitique, était rythmée par la prière, le travail manuel et l’accueil. De nombreux prêtres se relayaient pour venir célébrer la messe quotidienne.
Je crois que l’on peut dire qu’aujourd’hui, les incompréhensions ont été dissipées et tous ceux qui montent à Gamogna savent qu’il s’agit d’un lieu de prière où ils seront accueillis.

Rome, ce fut une grande aventure. Je suis arrivée à Rome à l’automne 2007 et j’y suis restée jusqu’en 2016. L’église de la Trinité des Monts, haut lieu touristique et spirituel avait été confiée à nos Fraternités. Nous devions également gérer un domaine comprenant, entre autres, une école : l’Institut du Sacré Coeur et  une maison d’accueil. Nous sommes y restés dix ans (de 2006 à 2016) avant de passer le flambeau à la communauté de l’Emmanuel.

Magdala se situe dans la forêt solognote. C’est un peu la « maison de famille » de nos Fraternités mais aussi un lieu d’accueil où beaucoup de personnes en groupes ou individuellement peuvent venir se ressourcer. J’ai fait partie de la petite communauté de sœurs animant le lieu de 2017 jusqu’au jour de mon élection.

Depuis quelques années, les FMJ se sont attelées à un processus de réforme. Comment en tant que sœur l’avez-vous vécu ? En quoi y avez-vous participé dans votre mission d’économe générale ?

Il a fallu se mettre au travail. C’est à dire répondre aux questionnaires des différents chantiers, participer à des webinaires et à de nombreuses réunions communautaires. Cela a demandé de déployer beaucoup d’énergie mais c’est pour une bonne cause.
En tant qu’économe générale, j’ai tout particulièrement collaboré avec la personne chargée de réaliser le diagnostic financier de nos Instituts.

Vous étiez déléguée pour votre fraternité au Chapitre général. Comment avez-vous vécu ce temps de Chapitre ?

Il s’agissait d’un Chapitre électif, notre mission était donc d’élire une prieure générale. Comme il n’y a pas de candidates officielles ni de campagne « électorale », les sœurs professes éligibles sont toutes susceptibles d’être élues.
J’ai vécu la préparation à l’élection comme un vrai travail d’enfantement collectif.

Quelle a été votre réaction à l’annonce de l’élection de la prieure générale ?

Le travail de préparation à l’élection et les différents votes indicatifs facilitent vraiment les choses.
Les sœurs dont les noms sont sortis lors des votes indicatifs peuvent se préparer à l’éventualité d’une élection. J’ai donc pu me préparer intérieurement et je dois dire que s’il n’y avait pas eu de processus en amont, avant le vote, il y aurait de quoi faire une crise cardiaque à l’annonce du résultat.

Quelle a été la procédure d’élection des conseillères qui doivent vous aider ? Pouvez-vous présenter ces quatre sœurs ?

Comme pour l’élection de la prieure générale, il y a eu plusieurs votes indicatifs et des « murmurationes » c’est-à-dire, la possibilité d’échanger en binôme de sœurs. La prieure générale a pu également exprimer des souhaits concernant les conseillères, notamment celui de l’internationalité.

Les quatre conseillères sont :
 – Sœur Arlette : Première conseillère. Prieure de la fraternité de Montréal de nationalité canadienne et guinéenne.
 – Sœur Anne-Claire  : Sous-prieure de la fraternité de Cologne, de nationalité française.
 – Sœur Maria-Paola  :  Prieure de la fraternité de Florence, de nationalité italienne.
 – Sœur Rafala  : Sous-prieure de la fraternité de Magdala, de nationalité polonaise.

Comment allez-vous travailler ensemble ? Un temps de formation commune est-il envisagé ?

Nous avons prévu de nous rencontrer régulièrement par visio-conférence et en présentiel une fois par trimestre environ.
Un temps de formation commune est prévu au mois de janvier avec une session au centre jésuite du Châtelard.

Le Chapitre général a formulé à l’intention de toutes les sœurs un texte d’encouragement. Parmi les divers points qu’il évoque, quelle priorité voyez-vous ?

A très court terme, dans le cadre du processus de discernement et de réforme, l’une des priorités sera le travail sur les Constitutions en vue de l’Assemblée générale de 2025.
Le chapitre m’ayant encouragé à prendre le repos nécessaire en début de mandat, je vivrai un temps à l’écart au mois de novembre et je prendrai officiellement ma charge en décembre.

Le Chapitre a demandé que soit désignée une secrétaire générale pour vous assister. Comment envisagez-vous son rôle ?

Je viens de nommer sœur Jeanne Seitz comme secrétaire générale. Comme il s’agit d’une création de poste, nous nous sommes données jusqu’à fin novembre pour finaliser  la feuille de mission de sœur Jeanne.

Selon quels critères allez-vous (avez-vous) choisi le lieu où vous allez habiter ? dans quelle ville ? auprès ou non d’une Fraternité ?….

Pour ma résidence, j’avais le choix entre Paris, Strasbourg et Rome, lieux choisis par les sœurs qui m’ont précédées dans la charge de prieure générale. J’ai choisi Paris pour des raisons pratiques. Je résiderai avec sœur Jeanne auprès de la Fraternité de Paris, dans un lieu autonome, à partir du mois de décembre.

ASSEMBLÉE DES FRÈRES     

Une assemblée des frères en août pour préciser notre vocation

Du 27 août au 1er septembre, les frères se sont retrouvés pour une assemblée de travail. Dans le cadre de la demande du Dicastère pour les Instituts de vie consacrée de chercher à mieux exprimer le charisme qui nous est propre, ce temps entre frères avait pour objet de donner suite au travail effectué au niveau du Conseil général, à la rencontre des prieurs de janvier dernier, et aux échanges vécus au sein de chaque fraternité au cours de l’hiver et du printemps.

Le document La vocation des frères de Jérusalem aujourd’hui, que nous avions pu nous approprier au cours des mois précédents, était donc au cœur du travail et des débats. Au cours de ces 5 jours de travail en assemblée, nous l’avons approfondi et précisé pour aboutir à un texte intitulé La vocation des frères de Jérusalem aujourd’hui – Propos fondamental. Il est le fruit de cette expérience commune de préparation durant une année, et de la contribution de tous les frères. Il a été voté par les 32 frères présents. 

Ce texte présente, avec les mots qui sont les nôtres pour aujourd’hui, notre identité de moines comme une vocation monastique devant Dieu, dans et avec le monde. Notre vocation est vécue selon un style fraternel. Notre mode de rapport au monde est celui de l’hospitalité, c’est-à-dire dans une attitude communautaire d’écoute et d’accueil de ceux que nous rencontrons. Notre vocation est inspirée par la figure biblique de Jérusalem qui nous fait voir le monde dans la lumière de l’espérance du salut. Elle informe pour nous les deux moments importants de notre vie que sont la liturgie et le travail.

A la fin de cette rédaction, notre gratitude est grande pour les contributions de tous les frères, pour l’attention mutuelle, l’écoute bienveillante et attentive de chacun, et l’animation qui nous a permis de rédiger le texte ensemble en alternant échanges en petits groupes et appropriation en grande assemblée. Plus encore, notre gratitude se tourne vers le Seigneur qui nous a conduits tout au long de ce chemin par sa Parole et son Esprit, dans une écoute spirituelle commune. 

Il s’agit là pour nous d’une étape importante pour exprimer ce que nous voulons vivre, pour nous comprendre nous-mêmes, et rendre compte de notre vocation. A court terme, elle est essentielle dans la perspective de la révision de nos constitutions.

Au-delà du texte, l’expérience vécue a été elle-même un apprentissage et une étape qui nous façonnent et font grandir la maturité du corps que nous formons pour construire ensemble nos orientations communautaires. Nous souhaitons maintenant que ce texte imprègne notre vie, qu’il s’approfondisse et se précise à travers des développements théologiques qui intègreront progressivement les conclusions des chantiers et que cette expérience se prolonge par une mise en pratique. Nous avons souligné la nécessité d’opérer des choix et de les hiérarchiser, c’est-à-dire d’apprendre à renoncer à vivre tout ce qui est possible pour mieux se recentrer sur le cœur de notre appel dans les réalités du monde d’aujourd’hui.

A partir de ce travail, des chantiers déjà aboutis et du partage avec l’institut des sœurs, nous allons maintenant engager la rédaction des modifications de nos constitutions. Nous disposons pour cela d’une base commune solide.

Frères Grégoire et Marc-Abraham

CHANTIER COMMUNION FRÈRES-SOEURS     

Nouvelles du chantier « Compréhension de la
communion frères et sœurs de Jérusalem »

Aujourd’hui, les deux instituts des frères et des sœurs de Jérusalem s’acheminent, à partir de leurs Constitutions actuelles « jumelles », vers l’élaboration de Constitutions différenciées qui traduiront de manière plus appropriée la façon spécifique dont chaque institut vit du même charisme de
« Jérusalem ». Dans ce contexte, il a été demandé à notre chantier d’élaborer la proposition d’un texte commun, appelé à figurer dans les deux futures Constitutions des deux instituts, et précisant la façon dont nous comprenons la communion entre frères et sœurs de Jérusalem, et la manière dont nous nous sentons appelés à la vivre. En voici les grandes lignes :  

C’est peut-être notre nom de « Fraternités Monastiques de Jérusalem » qui exprime au mieux cette communion à laquelle nous sommes appelés, posant la fraternité au fondement de celle-ci, et nous renvoyant au mystère de la Jérusalem céleste, « ville où tout ensemble fait corps »
(Ps 121,3).

Dans le concret de nos vies, nous avons une façon spécifique, frères et sœurs, de nous mettre à la suite du Christ en Jérusalem. C’est donc sur le mode de l’altérité que nous aurons à vivre cette communion, que l’on qualifie pour cette raison de différenciée. Jour après jour, au quotidien, elle se décline à la fois dans le fait d’être ensemble : expérience fraternelle de la juste proximité qui rend possibles le respect et l’enrichissement mutuels ; mais aussi dans le faire ensemble, qui permet la collaboration et de la complémentarité entre frères et sœurs, par exemple pour la liturgie et la formation.

Il arrive dans certains lieux d’implantation qu’une seule des deux communautés soit présente. Si l’expérience de l’être ensemble et du faire ensemble n’est alors plus directement possible, nous avons néanmoins la conviction que notre communion y reste bien réelle ; et il nous appartient dans ces cas-là d’être inventifs pour trouver comment la nourrir concrètement.

Cette expérience de communion entre frères et sœurs de Jérusalem ne doit pas nous replier sur nous-mêmes. Au contraire, elle est un don de Dieu qui nous appelle à nous engager humblement dans une dynamique de conversion et de croissance au quotidien. Richesse et témoignage pour le monde d’aujourd’hui, cette communion participe à sa manière à la recherche d’un esprit synodal en Église, et nous invite tous à cheminer vers une fraternité réconciliée, ouverte à l’universel.

Sœurs Émilie, Maylis, Violaine et 
frères Charles, François-Marie, Pierre-Benoît, Pierre-Emmanuel

© 2024 Fraternités Monastiques de Jérusalem  
Lettre d’information « Discernement & réforme » – communication@fraternites-jerusalem.org