Il y a quelques jours, nous avons pris connaissance du bilan des travaux de la Cellule d’écoute indépendante. Nous souhaitons saisir cette étape pour nous adresser à vous qui avez partagé pour un temps notre vocation, parfois même de nombreuses années.
Nous remercions ceux d’entre vous qui ont pris la parole pour dévoiler la part de vérité qu’ils portent. Grâce aux témoignages reçus, la Cellule d’écoute montre combien l’histoire de Jérusalem a été obscurcie par des ambiguïtés et des confusions. Nous avons commencé nous-mêmes à relire cette histoire entre frères, et pour l’essentiel, nous partageons les constats qui ont été dressés dans ce rapport. Nous avions cependant bien conscience que nous ne pouvions pas vraiment aboutir sans la contribution de ceux qui sont partis, c’est-à-dire sans vous. Ce rapport va nous aider à continuer ce qui est déjà commencé.
Le chapitre général de 2010 avait voulu marquer une rupture : l’élection conduisait frère Pierre-Marie à quitter le gouvernement. Les chapitres généraux de 2011 et 2018 ont ensuite été deux étapes programmatiques* pour engager des changements : prise de distance avec la multiplication des fondations, mise en place d’un mode de gouvernement plus responsabilisant, élaboration d’un parcours de discernement vocationnel et de formation initiale, questionnement sur la place du travail salarié, etc… Nous savons bien que nous ne sommes pas encore arrivés à maturité, et nous sommes reconnaissants à l’Église de nous aider aujourd’hui à travers la Visite apostolique en cours : c’est maintenant clair, nous avons besoin des aides extérieures.
Comme vous l’avez lu, les travaux de la Cellule d’écoute mettent en cause la figure de frère Pierre-Marie. Nous ne pensons pas qu’il faille minimiser son rôle : c’est par lui que la fondation de Jérusalem a été possible. Mais les témoignages mettent aussi en évidence l’influence de sa « personnalité marquée par des contradictions et des ambivalences ». Pour poser un regard ajusté sur notre fondateur, il faudra encore du temps, et nous aurons besoin d’étudier nos archives et d’intégrer des contributions historiques extérieures à notre famille de Jérusalem. Mais nous savons que si des dérives ont été possibles, c’est parce que beaucoup ont adhéré au fonctionnement du fondateur : les erreurs comportent un caractère collectif qu’il nous faut prendre en compte aujourd’hui. Une relecture critique du Livre de Vie s’avère également nécessaire pour le resituer en contexte et savoir en user avec discernement. La réforme à engager aujourd’hui est donc profonde ; elle prendra du temps. Actuellement il nous semble important de nous référer en priorité aux Constitutions et d’apprendre à en vivre au mieux.
Le but de cette lettre était de partager avec vous cette étape intermédiaire. La conclusion de la Visite apostolique devrait nous donner l’axe sur lequel l’Église voudra nous orienter. Quant à vous, vous avez partagé avec notre institut des frères une tranche de vie qui a imprimé en vous des souvenirs peut-être mélangés. Nous ressentons la nécessité de poursuivre ce chemin de vérité avec chacun de vous, si besoin de réparer ce qui doit l’être par la reconnaissance de nos responsabilités communautaires et des injustices qui ont touché une partie d’entre vous. Votre parole et votre contribution font partie de notre histoire. Elle ne sera pas effacée. Merci à tous ceux avec lesquels nous gardons des relations vraies. Nous espérons pouvoir construire cette même vérité avec tous.
En ce temps de Noël 2021, frère Jean-Christophe, prieur général
et les frères de son conseil : frères Benedikt, Charles, Michel-Marie et Grégoire
* Voir “Chez les frères, quelles sont les réformes en cours ?” sur la page Gouvernance du portail internet
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